Habités par les Cévennes, les Camisards

par June Loper

« Ils se battaient avec des fourches mais ils avaient l’avantage de connaître le pays »

Pour Agnès Varda, “Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages”. A l’inverse, si on ouvrait les paysages cévenols, y trouverait-on des gens ? Très certainement des camisards, “enfants du pays”, éleveuses ou éleveurs de brebis, peuples des montagnes et des grottes.

Ces gens du coin ont marqué les histoires collectives et/ou individuelles. Pour le philosophe Jean-Baptiste Vidalou, il y a des lieux qui cristallisent des attachements irréductibles, des attachements que l’on ne peut trahir. Les habiter, c’est aussi habiter toute une histoire, avec son passé insurgé.

Pour ce premier épisode, nous nous intéressons à la révolte populaire camisarde du 18ème siècle.

Persécutés sous le régime de Louis XIV suite à la révocation de l’édit de Nantes, les camisards étaient des paysans protestants vivant dans les Cévennes et le Bas-Languedoc, victimes d’un véritable génocide culturel, selon les termes d’aujourd’hui. Harcelés, humiliés, occupés, torturés, emprisonnés et réduits à la clandestinité car pratiquant la mauvaise religion.
Comment ces quelques dizaines de paysans ont-ils réussi à mettre à mal l’armée alors la plus puissante d’Europe ? Ils connaissent parfaitement le territoire. Plus que défendre la forêt, ils sont véritablement la forêt, la montagne, la plaine. Ils l’incarnent.